Vidéo HD, couleur, son, 66 min
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Depuis plusieurs années, l’Eglise orthodoxe de la République Serbe de Bosnie et les nationalistes serbes se construisent un passé fabriqué de toutes pièces. Cela se traduit très concrètement par l’élévation d’églises bâties à l’image d’anciennes églises, l’exhumation de fausses ruines archéologiques et le démantèlement d’une forteresse austro-hongroise qui permet d’alimenter en pierres « authentiques » la construction, à l’est du pays, d’un faux village ancien qui va servir de décor de cinéma pour le prochain film d’Emir Kusturica avant de devenir un site touristique.
Cette affaire de vieilles pierres est loin d’être anodine. Exhumer, transformer et déplacer les pierres renvoie à des déplacements qui ont bouleversé la Bosnie entre 1992 et 1995 : les viols, massacres et déportations massifs des populations Bosniaques (musulmanes).
Dans ce paysage violenté, les pierres sont autant de corps forcés à la construction d’un mythe.
Kamen, terme qui signifie « pierre » en bosniaque, en serbe et en croate, interroge l’état d’une société d’après-guerre, qui établit ses nouveaux fondements nationaux et religieux sur un déni et un effacement de la mémoire d’un peuple, par la réécriture et la falsification de sa propre histoire. Le film inclue des témoignages de déportés de Trebinje et Visegrad, ainsi qu’une documentation des récents remodelages d’une partie du paysage bosniaque comme moyen de renforcer le mythe d’un héritage exclusivement serbe dans la région.
[…]
C’est ce que je souhaite révéler de mes personnages : Hussein qui reconstruit une mosquée de ses propres mains. Améla qui récolte coupures de presse, actes de décès, et toutes preuves des viols pouvant être produites au TPIY. Lulo qui, à partir d’anciennes photographies, fait des peintures du Trebinje musulman disparu. Mustafa et Sladjana qui préparent leur tombe au cimetière musulman de Trebinje, le seul lieu qui témoigne d’une présence bosniaque. Ce sont ces gestes individuels et politiques qui recomposent une mémoire collective. Ce sont des gestes de réparation et de survie, des gestes artistiques, des gestes juridictionnels, des gestes de vie, des rites. En un mot, toute une micro-société qui tente de résister à la disparition organisée.
Sister Production
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