Vidéo, couleur, son, 20 min.
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Au début des années 1970, la mosquée Al-Fath du quartier de la Goutte-d’Or, dans le 18e arrondisse- ment de Paris, est d’abord un espace ponctuelle- ment réservé aux prières collectives dans un modeste atelier de tailleur tenu par Moussa Diakité, arrivé en France en 1963. Au milieu de la décennie, le nombre de fidèles grandissant, celui-ci transfère ce lieu de culte de la rue Léon au sous-sol du 53, rue Polonceau. Ces locaux de fortune se révèlent d’ailleurs un refuge accueillant pour les travailleurs immigrés du quartier, dont la religion quasi clandestine n’intéresse à l’époque ni l’opinion publique ni les autorités. Mais, entre le milieu et la fin des années 1990, principalement grâce à la recherche assidue de donateurs tant en France qu’à l’étranger, le locataire du sous-sol devient le propriétaire de l’immeuble. Les prières commencent à déborder sur le trottoir lorsque, unique propriétaire, Diakité fait rénover l’escalier étroit pour permettre aux fidèles d’accéder directement au sous-sol depuis la rue. Peu après, l’immeuble est promis à la démolition dans le cadre d’un vaste plan de réaménagement de la Ville de Paris. Avec le bâtiment voisin, il sera rasé en 1996. À son emplacement est construite une mosquée temporaire qui atteint désormais l’angle des rues Polonceau et des Poissonniers. Lorsque la capacité d’accueil de celle- ci devient à son tour insuffisante, les autorités locales tolèrent l’occupation de la rue, notamment lors de la prière du vendredi, tandis que l’on se met en quête d’un lieu permanent. À la fin des années 2000, la mosquée focalise
l’attention du pays tout entier au moment où la prière de rue devient un sujet politique. En 2010, Marine Le Pen est accusée d’incitation à la haine raciale en comparant les prières de rue à l’occupation de la France par les Allemands durant la Seconde Guerre mondiale. L’année suivante, face aux protestations croissantes de l’extrême droite et à l’approche des élections, Claude Guéant, ministre de l’Intérieur, menace de « faire usage de la force si nécessaire » pour mettre fin aux prières de rue dans toute la France. Les fidèles de la mosquée se replient alors sur une ancienne caserne de pompiers du nord de la capitale.
Son: Judith Rueff
Mixage son : Mikaël Barre
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